A peine les skis raccrochés certaines de nos champions français profitent de leur expertise pour nous proposer des planches « made in France ». Ils ouvrent la piste à une nouvelle génération d’artisans.
12 ans après sa médaille d’or en ski de descente aux J.O. de Turin, Antoine « glissman » Dénériaz continue de se battre pour le ski français. Plus pour conquérir une nouvelle médaille ou un podium mais pour redonner son lustre à l’industrie du ski en France avec sa marque de luxe Dénériaz.
En décembre 2007, le jeune champion de Morillon, fraîchement médaillé d’or en descente aux Jeux Olympiques de Turin décide de raccrocher les skis. Comme pour beaucoup de sportif de haut niveau, vient alors le temps redouté de la reconversion. Dans un premier temps, il devient consultant, notamment pour les J.O. de 2014. Puis il décide de devenir le porte-drapeau de la candidature d’Annecy au J.O. de 2018, gagnés par Pyeongchang en Corée du Sud.
Finalement, sur le paradigme de son modèle Jean Vuarnet, il crée sa propre marque d’accessoires de ski en 2009 sous le nom « Antoine Dénériaz – Powered by passion ». Pour peaufiner son projet, le Savoyard passe d’abord un Master de marketing à l’Essec avant de se lancer dans le grand bain de l’entrepreneuriat et des levées de fonds
Pour fabriquer ses skis, Dénériaz rachète l’unité de fabrication basée à Albertville d’Alain Zanco, pour devenir ainsi fabricant de skis 100 % Made in Savoie.
En 2018, le petit atelier a sorti plus de 150 paires de skis vendues autour de 3 000 euros pièce. Il ambitionne de doubler sa production en 2019. Pari réussi en 2020, Dénériaz inaugure des nouveaux locaux pour doubler sa production désormais référencée dans des établissements de luxe comme le Palace des Airelles à Courchevel.
Dans ses traces, un jeune ingénieur de mois de 30 ans À 29 ans, a décidé de se lancer dans la fabrication de skis en bois. Victor Édouard incarne une nouvelle génération d’entrepreneur qui veut « réinventer » un ski alpin plus traditionnel, loin de la compétition, plus proche du terroir et de la nature.
Sa marque de skis Marcel Livet, en hommage à son grand-père alpiniste renommé produit des pièces en bois quasi uniques. Des planches composées avec des essences de bois nobles, travaillées à la main, des décors finement ciselés en marqueterie, un logo moulé en émail. Le tout réalisé par des artisans ébénistes, charpentiers et fondeurs, basés principalement en Isère.
Il s’inscrit dans la lignée des « petits » fabricants de ski en bois qui se sont multipliés en France. Les pionniers ont démarré à la fin des années quatre-vingt-dix. C’est le cas de Rip’n wud à Chamonix ou de Bohême. Cette dernière a obtenu le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Elle est désormais établie à Chabeuil, au pied du Vercors. D’autres leur ont emboîté le ski, comme Fusta qui a été fondée en 2014 par Julien et Vincent Douzal, deux frères auvergnats qui se sont lancés dans la fabrication de skis “made in Auvergne”. Idris, Brotherwood, Rabbit on the Roof, la Fabrique du Ski sont venus s’ajouter à la liste.
Certains vont plus loin, comme Cyril Cote qui a repris la marque Ski Bois Tardy à son créateur Jean-Pierre Tardy à Saint-Pierre-d’Alvey. Il n’hésite pas à utiliser l’appellation “bio” pour ses planches. Le jeune entrepreneur basé à Saint-Gervais remplace dans sa fabrication la fibre de verre par de la fibre de lin bio qui offre des caractéristiques techniques équivalentes à la fibre de verre, en ajoutant de la nervosité au ski.
Tous n’ont qu’une idée en tête, nous faire skier “autrement” et français.